Une virée en Espagne pour un peu de culture mais surtout de la mode. En avril, le musée Cristobal Balenciaga a finalement ouvert ses portes à Getaria au pays basque, ville natale du couturier sous l’impulsion de la fondation Balenciaga présidée par Hubert de Givenchy.

C’est juste après San Sebastian à 30min de la frontière, vous pourrez profiter de la plage, des tapas, et de Zara (30% moins cher en Espagne).

Ce musée, aux dimensions imposantes et définitivement moderne tout de verre noir, abrite un fond de vêtements du couturier et a été crée par le cabinet d’architecte Barcelonnais AV62. Il a nécessité 10 ans de construction avec un coût de 30 millions d’€. Le musée se compose en réalité d’un double bâtiment; les parois extérieures en verre qui abritent le hall, la boutique, la café puis un deuxième bâtiment qui abrite les zones d’exposition. L’architecture intérieure composée de plaque de métal ajourée de fleurs n’est pas sans rappeler de la dentelle, joli hommage aux vêtement qu’il abrite.

Le parcours du couturier de ses débuts à sa mort en passant par la création de sa maison de couture est retracé sur deux étages. La visite se fait de manière interactive avec un écran à chaque entrée de salle où l’on peut choisir sa langue grâce à un bouton, un audioguide est inclut dans le billet et dans la dernière salle qui est une rétrospective des modèles phares, les mannequins tournent sur eux-même et un écran montre la construction du vêtement du croquis au patron pour finir par donner vie au vêtement final. Pour ceux qui aiment la couture c’est super intéressant de voir la patron des tenues.

Tout le monde connaît la maison Balenciaga aujourd’hui, mais qui connaît Cristobal Balenciaga son fondateur?

Il est décrit comme un architecte pour les plans, un sculpteur pour la forme, un peintre pour la couleur, un musicien pour l’harmonie et un philosophe pour la mesure, ce qui  fait de lui un créatif doué de toute la palette de dons artistiques qui puisse exister.

Cristobal Balenciaga est né en 1895 à Guétaria au Pays Basque espagnol d’un père pêcheur. Ses origines le destinent à devenir pêcheur comme son père ou prêtre comme son oncle, mais il en sera tout autrement. Dès son plus jeune âge il côtoie la bourgeoisie locale aux côtés de sa mère couturière.  Le petit basque fait ses débuts en tant qu’acheteur à Paris. Il y apprend les différentes techniques d’assemblage et de coupe auprès des autres grands couturiers, ce qui servira de base au développement de son style et de son empreinte par la suite.

Cristobal n’a de cesse durant toute sa carrière de chercher la perfection des lignes et des coupes jusqu’à réduire le vêtement à l’essentiel et de le faire vivre sur le corps des femmes. « Tout naturellement saison après saison il reprend son ouvrage, ne se souciant point des autres créateurs, pour finalement imposer l’air du temps. Dans le labeur du quotidien, respect, exigence et générosité se côtoient ; il imprime son propre rythme, évitant les pièges des cadences forcenées de la mode. C’est le travail qui compte. Ainsi, le long cheminement s’achève lorsque Balenciaga aboutit à son œuvre : réduire le vêtement à l’essentiel, à une seule et unique couture ».(Balenciaga, les Arts Décoratifs)

Les manches étaient le centre d’attention des créations du couturier, leur confection devait aboutir à la perfection. Tout était fait et refait jusqu’au tombé parfait, jusqu’à ce que les manches et le corps de la femme ne fasse qu’un seul et unique mouvement, structurant le vêtement dans un souci d’harmonie et d’architecture. « En vrai tailleur, Cristobal Balenciaga alliait forme et fonction, construction et confort pour créer la parure juste sans sacrifier le beau à l’utile » . 

C’est en 1968 qu’il crée sa dernière collection « éclatante de couleurs et de jeunesse » , ainsi que les uniformes des hôtesses de la Compagnie Air France avant de fermer définitivement sa maison de Haute Couture et ses trois maisons espagnoles. Il se retire alors en Espagne avant de s’éteindre en 1972 à Javaa. Il est inhumé à Getaria.

« Monsieur », c’est ainsi qu’il se faisait appeler, démontrant la grande marque de respect et d’admiration que les gens lui portaient. Sa quête de l’esthétisme et de la coupe parfaite l’ont conduit vers les sentiers de la reconnaissance et de la réussite financière, car en plus d’être un créateur hors pair, il savait aussi être visionnaire dans sa façon de gérer une entreprise et de la rendre rentable mais aussi humaine.

L’écrivain Bettina Ballard a dit de lui qu’il « était un Espagnol à la voix douce, au teint fin et pâle, couleur coquille d’œuf, ses cheveux sombres et brillants se posaient en épaisseurs ondulantes sur une tête aux traits bien découpés. Sa voix était légère comme une plume et son sourire facile, intime, n’a jamais exprimé autre chose qu’un plaisir sincère qui donnait à son visage une certaine candeur. Son charme spontané et intuitif était complètement inné, un charme qui inspirait de la dévotion à tous ceux qui le connaissaient ou travaillaient avec lui pendant des années ».

Il ne recherchait pas la réalisation de profit en premier lieu mais bien à faire vivre le vêtement et à lui donner une âme. Il arrivait que des propositions de contrats de licences aux Etats-Unis lui soient faites, mais cela ne l’intéressait guère et avait coutume de dire « qu’est ce que j’achèterais ? J’ai déjà une voiture et trop de maisons »

Cristobal Balenciaga est un homme discret et modeste, qualités qu’il tient certainement de ses origines modestes qui lui ont aussi permis de se frayer son chemin vers la célébrité internationale et de rendre sa maison profitable dès son commencement et ce tout au long de son existence jusqu’en 1968.

En 1918, Cristobal Balenciaga ouvre sa première maison de couture à San Sebastian, station balnéaire bourgeoise de la côte basque espagnole. Suite à un très grand succès, c’est en 1933 et 1935 que suivront les ouvertures de deux autres maisons à Madrid et Barcelone.

La guerre civile espagnole est déclarée en 1936. Cristobal Balenciaga est alors contraint  de fermer ses trois maisons de couture ;  il trouve exil à Londres.

En 1937 à son retour à Paris, il ouvre sa maison de couture au 10 avenue Georges V, qui deviendra son siège et le centre de la créativité parisienne du couturier. Il y présente sa première collection avec un succès immédiat. Il décide alors en 1938, de rouvrir les trois boutiques espagnoles de San Sébastian, Madrid et Barcelone.

La période 1940 à 1945 est marquée par une activité restreinte pour cause de guerre, ce qui ne l’empêche pas en 1945 de participer au Théâtre de la Mode (exposition de poupées miniatures visant à réaffirmer la suprématie de la haute couture parisienne dans le monde). « Rapidement, Balenciaga incarne l’élégance parisienne. Cristobal Balenciaga est élu « Le couturier des couturiers » et « Notre maître à tous » par le couturier Christian Dior ». (www.balenciaga.com)

Discrétion, discipline et rigueur règnent dans l’atelier. La protection des créations est primordiale. La copie est une des préoccupations majeures de Monsieur Balenciaga. Il fait afficher dans les ateliers le slogan « Copier c’est voler « .

 

Cristobal Balenciaga invente et crée non seulement de nouvelles silhouettes féminines, mais il sait aussi développer son activité dans la parfumerie et au travers du cinéma et du théâtre et habiller les grands de ce monde. En effet, il collabore à maintes reprises avec ces univers :

  • en 1941, il crée des robes inspirées de la Renaissance espagnole pour Alice Cocéa et Hélène Perdrière au théâtre malgré la période de guerre qui limite l’approvisionnement en tissu,
  • en 1956, il travailla avec  le  cinéma  pour L’air du temps de Marcel Carré  et Anastasia d’Ingrid Bergman,
  • en 1959 et en 1963,  il dessine les tenues du film et de la pièce de théâtre Orphée de Jean Cocteau.

Ses créations font également l’objet d’une clientèle particulière, aussi bien des femmes appartenant à la Cour Espagnole et à  l’Aristocratie européenne, que des femmes renommées comme Marlène Dietrich, Helena Rubinstein ou encore Maria Callas. Il habille la reine Fabiola en 1960 pour son mariage.

Sa dernière commande est celle des uniformes des hôtesses de la compagnie Air France en 1967.

Ses lignes emblématiques

La ligne tonneau des années 1946-1947: tailleur cintré sur jupe fourreau et des boléros brodés inspirés des toreros

La tunique créée en 1955

Les robes « baby doll » de forme trapèze à volants étagés, créées en 1958

La robe «queue de paon » de longueur genoux devant et  plongeante à l’arrière

Les bas de sport jacquard ou écossais crées en 1964

Museo Cristobal Balenciaga

Aldamar Parkea, 6 20808 GETARIA -GIPUZKOA

www.cristobalbalenciagamuseo.com

 

NB:Toutes les explications sont tirées de mon mémoire de fin d’études, Merci de citer la source Chocolat et Vieilles Dentelles si vous me citez.

4 thoughts on “Echappée en Espagne…Museo Balenciaga, l’architecte de la couture

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